Université pour tous de Bourgogne

Chalon-sur-Saône

Pourquoi le bonheur ?

Psychologie

Organisé par Evènements à Chalon - Tarif spécial UTB 10 €

Pourquoi le bonheur ? Il s'agit, avant tout et évidemment, d'un intérêt d'être humain : comme l'ont depuis longtemps noté les philosophes, tous les humains sont concernés par le bonheur, tous les humains aspirent à être heureux, aussi heureux que possible. Pour moi, le bonheur a longtemps représenté un mystère : dans la famille dans laquelle j'ai grandi, il n'était pas une priorité ; la priorité c'était de faire face aux aléas de l'existence, de ne pas retomber dans la pauvreté où mes parents avaient grandi. Je ne les ai que rarement vus heureux, ou cherchant à l'être. Je les ai souvent vus, en revanche, tout faire pour assurer notre sécurité matérielle. C'était sans doute chose courante dans les familles modestes et pour cette génération qui avait connu la guerre dans son enfance. Mais c'était mon horizon. Il ne s'est découvert et éclaira pour moi que lorsque j'ai quitté ma famille pour suivre mes études de médecine à Toulouse : là, au cours des moments de vie et de colocation dans de grands appartements partagés avec des amis étudiants, j'ai découvert à travers eux ce que pouvait être l'insouciance, le plaisir de profiter du présent, de vivre de pas grand-chose mais joyeusement. J'ai eu du mal au début, mais j'ai senti qu'il y avait là quelque chose qui ne relevait pas de la folie mais de la sagesse. C'est durant ces années que j'ai décidé de m'orienter, une fois ma médecine terminée, vers la psychiatrie. Car mon intérêt pour le bonheur est aussi un intérêt professionnel. Au début, ce qui me passionnait en psychiatrie, c'était ce que nous appelons des «troubles émotionnels», c'est-à-dire des difficultés de nature anxieuse ou dépressive, qui peuvent aboutir à des maladies comme la dépression, des phobies, des attaques de panique et à toutes formes d'anxiété entraînant des problèmes chroniques ou récurrents. Très tôt, j'ai été frappé par la nécessité d'aider les personnes que nous soignions à prendre en compte leur bonheur. Au fond, lorsque quelqu'un est dans un état dépressif sévère, nous arrivons le plus souvent à le guérir. Mais après ? Autrefois, on disait à ces patients : «Oubliez, n'y pensez plus ; voilà, c'est du passé, maintenant tournez-vous vers la vie, savourez la vie et tout cela ne reviendra pas.» Malheureusement ça revenait : «ça» - c'est-à-dire la maladie dépressive ou anxieuse - revient régulièrement, si on ne fait rien, si on se remet à vivre comme avant d'être malade. Alors, nous autres médecins tenons aujourd'hui un discours différent. Car nous savons qu'en l'absence de soins de suite, après un épisode dépressif, si on ne maintient pas les médicaments assez longtemps, ou si on ne s'engage pas dans une psychothérapie assez efficace, ou si on ne fait pas certains efforts pour changer son style de vie, ou ces trois choses à la fois, alors, la dépression revient, les crises d'angoisse reviennent, et le patient souffre et s'effondre à nouveau. Aujourd'hui, et depuis près de vingt-cinq ans, je suis médecin psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, et mon métier consiste à aider les personnes vulnérables, avec des risques importants de rechutes dépressives ou anxieuses, à modifier leur vision du monde et leur style de vie pour devenir plus solides et plus stables émotionnellement. Parmi les outils que j'utilise, il y a l'amélioration de l'estime de soi, la régulation des émotions, la méditation, et bien sûr le travail sur le bonheur.

Christophe André est médecin psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne (Paris). Chargé d'enseignement à Paris-X, il est l'auteur de nombreux livres de psychologie à destination du grand public. Parmi ceux-ci : Vivre heureux (2003), De l'art du bonheur (2006), Les États d'âme, un apprentissage de la sérénité (2009), Et n'oublie pas d'être heureux (2014).