Université pour tous de Bourgogne

Chalon-sur-Saône

De Brejnev à Poutine (1964-2018) ou la grande mue de l'oligarchie soviétique

Histoire Contemporaine

  • Mercredi 10 Octobre 2018
    14 H 30 16 H 00
  • Maison des syndicats
brejnev

Il s'agit de tenter de mettre un peu de clarté dans la séquence historique de 1964 à 2018, soit de Brejnev à Poutine, en montrant comment, à partir du début de 1985, l'oligarchie bureaucratique soviétique se mue en oligarchie capitaliste.

- Le système industriel autoritaire soviétique s'essouffle à partir de 1975 et a atteint ses limites en 1988 : il faut passer à une autre manière de gérer la société, plus décentralisée, plus souple. Il est en incapable.

-  Gorbatchev tente quand même de lui insuffler un nouvel élan, de sauver le socialisme: le premier Gorbatchev, de 1985 à 1988, s'inscrit dans le droit fil de la politique de son parrain en politique, Andropov. Face à son échec, scellé en 1988, il concède peu à peu l'initiative entrepreneuriale privée, le pluripartisme politique, sous la pression populaire, qui s'exprime de plus en plus ouvertement au fur et à mesure que la peur décroît.

- L'Union Soviétique devient alors, pendant quatre ans (1988-1991), un régime démocratique, pluri-partiste, délesté de la censure (à partir de 1990), où tout peut bientôt s'écrire et se dire, et, presque, se faire. Dans l'économie étatisée s'introduit peu à peu le principe du profit et l'initiative entrepreneuriale.  L'Union Soviétique entame sa mue vers une sorte de social-démocratie, un Etat social fondé sur un puissant secteur public et un dynamique secteur privé minoritaire. Plus que d'économie de marché, les citoyens sont en effet massivement demandeur de justice sociale et de respect de leur dignité.

- Mais en 1991, cette expérience échoue : elle se heurte aux appétits de la part de l'oligarchie soviétique qui a déjà lancé la privatisation pour elle-même et n’a aucun intérêt à ce qu’elle se démocratise. De 1988 à 1992, ce fut en effet « le capitalisme pour les chefs et le socialisme pour le petit peuple ». Elle se confronte aussi au réveil des nationalismes. Enfin, la population rêve de lendemains - capitalistes - qui chantent et, séduite par le populisme bon enfant d'un grand baron du régime, Boris Eltsine, soutient et porte au pouvoir un personnage qui n’a qu’une idée en tête : que Gorbatchev dégage, même au prix de la désagrégation de l’Union soviétique.

- La décennie Eltsine est marquée à la fois par le retour (provisoire) aux libertés fondamentales et par l’écrasement de l’Etat social sous la dynamique avide et sans scrupules d’une oligarchie bureaucratique qui fraie volontiers avec la pègre. Le peuple russe en tire la conclusion : la démocratie, c’est le chaos, la misère, l’insécurité. La réforme de 1992-1995 est d’une telle brutalité sociale qu’elle discrédite pour longtemps toute idée de démocratie et d’économie de marché.

- En 1999, comme les Français en 1799, les Russes souhaitent le retour à l’ordre et à l’autorité de l’Etat : la voie est libre pour un Poutine.